#28
par Bill 76
Aux sombres héros de la terre ...
Gwaaa gwaaa gwaaa ... Nom de Dieu de korki du de korki du ... Gwaaa gwaaa gwaaa ... Préchauffes ! Mais merde c'est ce que je fais ! Dis-je en ralant ... C'est ce que je fais ! Gwaaa gwaaa gwaaa ...
Pas moyen de lancer le moulin du Massey ce matin. Mil hast ! Man ébet ! La nuit à été glaciale avec ce vent venu d'est. Les sacs à pomme de terre en toile de jutte, pourtant posés consciencieusement sur le capot pour isoler le frêle Perkins, n'auront pas été suffisants pour arrêter les dégâts du gel. Cela fait déjà plusieurs jours que l'on tire sur le démarreur épuisant encore un peu plus une batterie fatiguée. On est vigilants en début de campagne à ce genre de déboires mais le froid use les organismes. Alors à force de tirer dessus au démarrage, même en préchauffant, elle finit par être inefficace. Et puis quand tu sais où elle est positionnée sous la calandre d'un Massey Ferguson 145, t'as pas spécialement envie de la tricoter tous les jours ! Faut soulever la cabine Buisard pour basculer la trappe de visite avec ces deux loquets chromes sur chaque flanc du capot, l'extirper de son logement avec ces bras musclés de gamin de 14 ans sans y laisser la peau des mains, puis la descendre pour la relier au chargeur. Non, Là ce matin, t'as pas envie ...
Ce moteur Perkins 3 cylindres est cependant plutôt commode et peu enclin à des démarrages difficiles si toutes les précautions d'usage sont prises mais le bougre a déjà de nombreuses heures au compteur depuis 1968, date d'avant de ce 145. Un beau tracteur pour son époque, fiable, simple. Il est équipé d'une cabine Buisard et d'un chargeur Mailleux. La calandre est protégé par un arceau du constructeur breton d'Acigné et d'un protège-calandre artisanal boulonné au cas où il faille intervenir sur le radiateur. On ne risque pas de tomber trop en panne avec l'hydraulique car hormis les deux vérins de levage et son déclenchement par câble pour La Fourche à fumier, il est basique. La plupart des tracteurs d'ailleurs sont équipés de ce genre de chargeurs à cette époque, une "fourche" qu'on appelle ça ! Raison aussi pour laquelle le côté droit en toile de la cabine est équipé d'un soufflet d'ouverture pour y passer la main et pour basculer le levier de déclenchement du mécanisme. C'est commode ... surtout les jours de pluie et les jours de grand frais car s'il fallait travailler avec les côtes relevés, on était vite à la merci des éléments naturels.
C'est une belle cabine, cette Buisard, assortie aux couleurs des tracteurs. Elle pouvait équiper la plupart des tracteurs antérieurs à 1976. J'imagine qu'ensuite, les constructeurs ont imaginé des solutions intégrées d'usine et des cabines en "dur". L'ossature est en tubes reposant sur deux supports boulonnés au châssis du tracteur et deux montants réglables fixes sur les ailes, avec sa couleur caractéristique dorée. La toile du toit et du pare-brise sont fixés sur les tubes avec des lanières comme une ceinture. Le pare-brise est équipé d'une essuie-glace avec son gros moteur mini d'un interrupteur en Bakélite, tandis que deux fenêtres assurent la visibilité sur les flancs du capot et sur les roues. En guise de côtés, deux côtés souples. Le gauche forme une porte avec un côté fixe sur l'aile avec une imposante fermeture éclair. Le droit, quant à lui, est d'une seule pièce et condamné l'accès du chauffeur., juste la main à travers un soufflet. Les côtés sont munis de surfaces en toile épaisses, souples et vitrées pour garantir un minimum de transparence mais avec le temps, les rayures et la salissure vont vite ternir et faire place à l'opacité caractérise, et aux craquèlements par temps froid. Interdiction formelle de les rouler ou dérouler quand ça caille ! On ne pourrait passer sous silence l'ultime coquetterie, à savoir un rétroviseur rond qui habituellement se fixe sur le montant gauche. sécurité oblige. Mais sa taille minimaliste relève plus du miroir de courtoisie que d'une caméra de recul high-tech ! C'est l'unique confort du 145. Un phare arrière de forme globuleuse et au verre quadrillé est fixé sur l'aile droite. On est bien sous cet abri finalement les jours de pluie, les jours de vent, les jours de froid. Le sac en toile de jutte aussi est de sortie, tant sur le siège au confort minimal, tant sur les genoux du temps que la boîte à vitesses dégage une peu de chaleur bienveillante. Quel sentiment de joie extrême quand les gouttes viennent se fracasser contre la toile et le carreau ! Quel bonheur d'entendre le "gwzi gwzi gwzi" monotone du frénétique essuie-glace ! Quel bonheur de braver la tempête du soir comme le pêcheur protégé par la cabine de son chalutier ! Quel bonheur de rester au sec ou à l'abri du froid ! Quel bonheur de voir l'eau s'écouler jusqu'aux bavettes venant lécher les marche-pieds perforés du 145 ! Quel bonheur d'écouter la mélodie de la boîte de vitesses dans le vacarme enivrant du trajet ! Quel bonheur de te dire que tu pourrais être trempé jusqu'au slip, attrapé par une averse quelque mesquine ! Quel bonheur que de pouvoir grignoter des Choco BN de Mémé tel une musaraigne affamée ! Quel bonheur d'entendre la fermeture éclair se refermer sur le méchant blizzard ! Quel plaisir de pouvoir chanter à tue-tête ces tubes du Top 50 ! Quel plaisir de sentir l'odeur de la terre qui vient s'engouffrer dans ton frêle abri les jours de labour ! Quel plaisir de partager ces courses folles sous la pluie avec les frères et les sœurs sous ce toit de fortune ! Quel bonheur infini de pourvoir laisser son esprit vagabonder sans l'ombre d'une agression extérieur ! Tu fais corps avec ton tracteur. Tu fais corps avec les éléments ... Tu jubiles .. Tu jubiles ...
Alors vient le printemps et les premières chaleurs, des premiers rayons du soleil autorisant quelques incursions vers des journées où tu aimes à être caressé par les airs printaniers et la délicatesse d'une nature renaissante. Elle s'en bon cette campagne ! Les herbages ont attiré les insectes frénétiques, butineurs sans relâche, sautillant de pistil en pistil sans vergogne. Ca pétille, Ca pétille ! Les odeurs du renouveau se pressent aux portes d'un nez malmené après de longs mois d'hiver et de reniflades incontrôlées. Tu revis. On se garde encore un peu de confort durant ce printemps qui peut parfois prendre des petits airs d'hiver tardif où une simple averse se transforme vite en déluge dévastateur.
C'est le moment où décision, unanimement prise en conciliabule, de relever les côtés. C'est presque une cérémonie solennelle que de faire fi à l'hiver ... Oui, fi à toi infâme hiver inquisiteur ! Imposteur !
Vient alors l'heure de la séparation. C'est l'heure où elle n'a plus son immense utilité si ce n'est celle d'un abri solaire. Mais en dépit de sa soit-disante simplicité, l'enroulement des côtés prend des allures de savoir-faire ancestral, héritage des Égyptiens et de la protection des précieux papyrus. Sacrilège à celui qui fera un pli. Tout commence par décrocher ces ressorts qui maintenaient les vitrages tendus. C'est subtil car au moindre geste foireux, c'est les urgences assurées avec de la peau en moins ou un ongle satellisé ... La porte s'enroule le long du montant vertical à gauche et se fixe avec des lanières et un passant. Le côté droit réclame bien plus de dextérité car la surface étant bien plus grande, il est bien rare que le novice soit en mesure de réussir l'exercice difficile sous l'œil d'un maître de cérémonie impartial. Il convient de bien commencer l'enroulement et de serrer les couches successifs jusqu'à obtenir un cylindre bien compact. La sanction en général vient immédiatement étant la longueur ajustée des lanières de maintien ... Pour le débutant moyen, quelques essais seront nécessaires avant d'y parvenir.
Le 145 est ainsi paré pour ce printemps, le toit suffira amplement à nous protéger en cas d'averses durant le mois de mai et assurera une protection suffisante lors des déplacements lointains. Mais il faudra attendre le joli mois de juin pour s'affranchir complètement de la cabine à coups de clé de 17. Quatre vis suffisent à enlever la cabine Buisard et pour se retrouver à ciel ouvert pour la période estivale sans oublier de débrancher les cosses du fil de l'essuie-glace, précieux allié des jours tempêtueux ! Inutile de sortir le palan car deux paires de bras musclés suffiront à soulever l'indésirable intrus estival, puis à le déposer dans un lieu sûr où la poussière viendra recouvrir en couches épaisses les souvenirs passés d'un hiver interminable ...
Gwaaa gwaaa gwaaa ... Nom de Dieu de korki du de korki du ... Gwaaa gwaaa gwaaa ... Préchauffes ! Mais merde c'est ce que je fais ! Dis-je en ralant ... C'est ce que je fais ! Gwaaa gwaaa gwaaa ...
Pas moyen de lancer le moulin du Massey ce matin. Mil hast ! Man ébet ! La nuit à été glaciale avec ce vent venu d'est. Les sacs à pomme de terre en toile de jutte, pourtant posés consciencieusement sur le capot pour isoler le frêle Perkins, n'auront pas été suffisants pour arrêter les dégâts du gel. Cela fait déjà plusieurs jours que l'on tire sur le démarreur épuisant encore un peu plus une batterie fatiguée. On est vigilants en début de campagne à ce genre de déboires mais le froid use les organismes. Alors à force de tirer dessus au démarrage, même en préchauffant, elle finit par être inefficace. Et puis quand tu sais où elle est positionnée sous la calandre d'un Massey Ferguson 145, t'as pas spécialement envie de la tricoter tous les jours ! Faut soulever la cabine Buisard pour basculer la trappe de visite avec ces deux loquets chromes sur chaque flanc du capot, l'extirper de son logement avec ces bras musclés de gamin de 14 ans sans y laisser la peau des mains, puis la descendre pour la relier au chargeur. Non, Là ce matin, t'as pas envie ...
Ce moteur Perkins 3 cylindres est cependant plutôt commode et peu enclin à des démarrages difficiles si toutes les précautions d'usage sont prises mais le bougre a déjà de nombreuses heures au compteur depuis 1968, date d'avant de ce 145. Un beau tracteur pour son époque, fiable, simple. Il est équipé d'une cabine Buisard et d'un chargeur Mailleux. La calandre est protégé par un arceau du constructeur breton d'Acigné et d'un protège-calandre artisanal boulonné au cas où il faille intervenir sur le radiateur. On ne risque pas de tomber trop en panne avec l'hydraulique car hormis les deux vérins de levage et son déclenchement par câble pour La Fourche à fumier, il est basique. La plupart des tracteurs d'ailleurs sont équipés de ce genre de chargeurs à cette époque, une "fourche" qu'on appelle ça ! Raison aussi pour laquelle le côté droit en toile de la cabine est équipé d'un soufflet d'ouverture pour y passer la main et pour basculer le levier de déclenchement du mécanisme. C'est commode ... surtout les jours de pluie et les jours de grand frais car s'il fallait travailler avec les côtes relevés, on était vite à la merci des éléments naturels.
C'est une belle cabine, cette Buisard, assortie aux couleurs des tracteurs. Elle pouvait équiper la plupart des tracteurs antérieurs à 1976. Les constructeurs de cabine (Hiniker, Fritzmeyer, ...) ont fourni aux tractoristes des solutions adaptées avant que ces derniers ne se décident à produire des cabines dédiées à leurs tracteurs. L'ossature est en tubes reposant sur deux supports boulonnés au châssis du tracteur et deux montants réglables fixes sur les ailes, avec sa couleur caractéristique dorée. La toile du toit et du pare-brise sont fixés sur les tubes avec des lanières comme une ceinture. Le pare-brise est équipé d'une essuie-glace avec son gros moteur mini d'un interrupteur en Bakélite, tandis que deux fenêtres assurent la visibilité sur les flancs du capot et sur les roues. En guise de côtés, deux côtés souples. Le gauche forme une porte avec un côté fixe sur l'aile avec une imposante fermeture éclair. Le droit, quant à lui, est d'une seule pièce et condamné l'accès du chauffeur., juste la main à travers un soufflet. Les côtés sont munis de surfaces en toile épaisses, souples et vitrées pour garantir un minimum de transparence mais avec le temps, les rayures et la salissure vont vite ternir et faire place à l'opacité caractérise, et aux craquèlements par temps froid. Interdiction formelle de les rouler ou dérouler quand ça caille ! On ne pourrait passer sous silence l'ultime coquetterie, à savoir un rétroviseur rond qui habituellement se fixe sur le montant gauche. sécurité oblige. Mais sa taille minimaliste relève plus du miroir de courtoisie que d'une caméra de recul high-tech ! C'est l'unique confort du 145. Un phare arrière de forme globuleuse et au verre quadrillé est fixé sur l'aile droite. On est bien sous cet abri finalement les jours de pluie, les jours de vent, les jours de froid. Le sac en toile de jutte aussi est de sortie, tant sur le siège au confort minimal, tant sur les genoux du temps que la boîte à vitesses dégage une peu de chaleur bienveillante. Quel sentiment de joie extrême quand les gouttes viennent se fracasser contre la toile et le carreau ! Quel bonheur d'entendre le "gwzi gwzi gwzi" monotone du frénétique essuie-glace ! Quel bonheur de braver la tempête du soir comme le pêcheur protégé par la cabine de son chalutier ! Quel bonheur de rester au sec ou à l'abri du froid ! Quel bonheur de voir l'eau s'écouler jusqu'aux bavettes venant lécher les marche-pieds perforés du 145 ! Quel bonheur d'écouter la mélodie de la boîte de vitesses dans le vacarme enivrant du trajet ! Quel bonheur de te dire que tu pourrais être trempé jusqu'au slip, attrapé par une averse quelque mesquine ! Quel bonheur que de pouvoir grignoter des Choco BN de Mémé tel une musaraigne affamée ! Quel bonheur d'entendre la fermeture éclair se refermer sur le méchant blizzard ! Quel plaisir de pouvoir chanter à tue-tête ces tubes du Top 50 ! Quel plaisir de sentir l'odeur de la terre qui vient s'engouffrer dans ton frêle abri les jours de labour ! Quel plaisir de partager ces courses folles sous la pluie avec les frères et les sœurs sous ce toit de fortune ! Quel bonheur infini de pourvoir laisser son esprit vagabonder sans l'ombre d'une agression extérieur ! Tu fais corps avec ton tracteur. Tu fais corps avec les éléments ... Tu jubiles .. Tu jubiles ...
Alors vient le printemps et les premières chaleurs, des premiers rayons du soleil autorisant quelques incursions vers des journées où tu aimes à être caressé par les airs printaniers et la délicatesse d'une nature renaissante. Elle s'en bon cette campagne ! Les herbages ont attiré les insectes frénétiques, butineurs sans relâche, sautillant de pistil en pistil sans vergogne. Ca pétille, Ca pétille ! Les odeurs du renouveau se pressent aux portes d'un nez malmené après de longs mois d'hiver et de reniflades incontrôlées. Tu revis. On se garde encore un peu de confort durant ce printemps qui peut parfois prendre des petits airs d'hiver tardif où une simple averse se transforme vite en déluge dévastateur.
C'est le moment où décision, unanimement prise en conciliabule, de relever les côtés. C'est presque une cérémonie solennelle que de faire fi à l'hiver ... Oui, fi à toi infâme hiver inquisiteur ! Imposteur !
Vient alors l'heure de la séparation. C'est l'heure où elle n'a plus son immense utilité si ce n'est celle d'un abri solaire. Mais en dépit de sa soit-disante simplicité, l'enroulement des côtés prend des allures de savoir-faire ancestral, héritage des Égyptiens et de la protection des précieux papyrus. Sacrilège à celui qui fera un pli. Tout commence par décrocher ces ressorts qui maintenaient les vitrages tendus. C'est subtil car au moindre geste foireux, c'est les urgences assurées avec de la peau en moins ou un ongle satellisé ... La porte s'enroule le long du montant vertical à gauche et se fixe avec des lanières et un passant. Le côté droit réclame bien plus de dextérité car la surface étant bien plus grande, il est bien rare que le novice soit en mesure de réussir l'exercice difficile sous l'œil d'un maître de cérémonie impartial. Il convient de bien commencer l'enroulement et de serrer les couches successifs jusqu'à obtenir un cylindre bien compact. La sanction en général vient immédiatement étant la longueur ajustée des lanières de maintien ... Pour le débutant moyen, quelques essais seront nécessaires avant d'y parvenir.
Le 145 est ainsi paré pour ce printemps, le toit suffira amplement à nous protéger en cas d'averses durant le mois de mai et assurera une protection suffisante lors des déplacements lointains. Mais il faudra attendre le joli mois de juin pour s'affranchir complètement de la cabine à coups de clé de 17. Quatre vis suffisent à enlever la cabine Buisard et pour se retrouver à ciel ouvert pour la période estivale sans oublier de débrancher les cosses du fil de l'essuie-glace, précieux allié des jours tempêtueux ! Inutile de sortir le palan car deux paires de bras musclés suffiront à soulever l'indésirable intrus estival, puis à le déposer dans un lieu sûr où la poussière viendra recouvrir en couches épaisses les souvenirs passés d'un hiver interminable ...
On a décapé la peinture orange av c l'eau tiède en prenant bien soin de ne pas tout arracher au passage. On fait alors ressortir la couche de cœuleur ocre en restant réaliste dans la peinture éraillée. Le travail est vite galère si on a loupé la phase de la laque ... S'il y a trop de laque, la peinture part par plaques, s'il n'y en a pas assez, il faut sortir la disqueuse !
Une fois la peinture sèche, on procède à la pose des décalcomanies pour égayer la monotonie de la couleur dominante, et quelques marques d'hydrocarbures fera parfaitement l'affaire. On laisse sécher un long moment pour que les décalcomanies adhérent bien au support, puis on termine par une couche de vernis mat ou satiné.
Les variations de la teinte sont subtils mais une lumière blanche saurait montrer les nuances.
Kenavo.
Bill.
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