Re: "Tant qu'il y aura des Renault, on aura du boulot ! " par Bill 76

#14
Une fois le châssis peint en gris foncé pour uniformiser l'ensemble des pièces aux couleurs variables (métal, pièces Evergreen, ...), on se dit qu'il faut se mettre en quête de définir la teinte particulière du marron Renault ...

Ne reprenant aucun teinte existante disponible dans le commerce pour reprendre les modèles, il convient donc de se reproduire la teinte et sachant que le modèle représentant un modèle ayant vécu, on prend en considération sa décoloration liée à une exposition naturelle aux éléments climatiques et/ou une utilisation quotidienne plus ou moins intensive.

Le marron a tendance à blanchir sur les zones surexposées et à conserver une teinte plus sombre sur les flancs moins exposés aux affres du soleil et aux différentes éclaboussures de terre ou de carburant / huile offrant alors des motifs vraiment intéressants.

On va donc avoir besoin de travailler la teinte de base et les déclinaisons de cette teinte, d'où le besoin de plusieurs couleurs pour parvenir à recréer toute la variété du vieillissement particulier du marron Renault !

Quatre teintes vont donc être utilisées pour représenter l'ensemble du châssis : gris foncé, gris clair, marron, mauve. J'ai représenté la palette de base pour avoir en tête les différentes possibilités chromatiques.

Bien entendu, je n'utilise que des peintures acryliques que l'on peut plus ou moins mélanger entre elles en prenant soin de se méfier des pourcentages de mélange, car bien qu'elles soient miscibles entre elles, il faut se méfier que certaines marques ont une tendance à plastifier si on applique une couche trop épaisse.

Avec un peu de pratique, on arrive facilement à trouver une variation chromatique qui donnera au modèle sa particularité tout en gardant à l'idée que cette teinte sera encore retravaillée par la suite.

Kenavo.

Bill.
Fichiers joints
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Test de peinture pour le châssis
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Re: "Tant qu'il y aura des Renault, on aura du boulot ! " par Bill 76

#15
Les esquimaux bretons

Janvier 1985. Le territoire connaît une nouvelle fois un épisode hivernal difficile congelant l'ensemble des départements français et emprisonnant pour plusieurs semaines la France sour un manteau neigeux glacé. Pour les gens de l'Est et des massifs montagneux, ce n'est qu'une simple formalité ou presque mais pour les gens des territoires plutôt côtiers, autant vous dire que la chanson revêt des airs un plus rock'n'roll ! Et que si on pouvait choper le con qui avait laisser la porte du congélateur ouverte, on lui aurait manger la boîte d'esquimaux en une seule fois ...

Bon, faut avouer que cet hiver a pris des petits airs de Sibérie dans le Pays du Poher, en Bretagne Centrale comme disent les gens de la ville et les anthropologues les plus avertis que l'on retrouve, coude posé sur le zinc chez notre amie Jacqueline. Pour nous, les gosses, les vacances d'hiver vont prendre très rapidement des accents de vacances prolongées en ce début d'année puisque le collège vient de fermer ses portes en raison de dégâts survenus suite à la détérioration du système de chauffage par un gel devenu fort agressif, gelant au passage le gasoil de la chaudière. Bilan : vacances forcées pour les 300 collégiens de Chateauneuf. Déjà, il avait déjà commencé à neiger en décembre et la Bretagne avait commencé à se revêtir d'un léger manteau blanc, bien que les massifs des Monts d'Arrée et des Montagnes Noires soient plus coutumiers de ce types d'événements assassins pour des conducteurs peu enclins à la conduite sur glace, rendant les travaux à la ferme un peu plus compliqués qu'à l'accoutumée. En ces années, les carburants ne sont pas encore aussi sophistiqués et la moindre négligence de la part des utilisateurs du précieux carburant fossile rend l'utilisation des véhicules à moteur diesel un peu capricieux au petit matin ... C'est chose faite au collège et le dirlo est dans l'obligation absolue de déclarer forfait pour les semaines à venir. Impossible de garantir le bien-être des morpions à l'acné juvénile naissante et de garantir le calme olympien légendaire des petits Bretons, et de leur assurer la pitance à l'heure du midi. En clair, restez chez vous ! Et quand on t'annonce que tu peux rester au bercail, la réponse ne se fait pas attendre et l'acceptation est généralisée et approuvée. Le rêve de tout gosse ! Mais dans quelque temps, on va vite déchanter et se dire que, finalement, avoir le cul au chaud sur la chaise peu molletonnée de la salle de classe est, malgré tout, une bonne option. Et puis faut dire aussi que les routes, surtout dans les méandres de quelque sous-bois mal orienté, sont rendues glissantes, vicieuses pour les automobilistes peu chevronnés, et à l'équipement de circonstance inexistant ( en clair : pas de pneus à neige, pas de pneus à clous, pas de chaîne, pas de pelle pour mettre du gravier, ...) rendant, l'imprudence et l'inexpérience, les parfaits compagnons d'une sortie de route fort probable ! Seul le chauffeur laitier semble le plus habile et le plus disposé à faire face à ce genre de situation en raison d'une connaissance parfaite des chemins empruntés, et des pièges que la route semble tisser généreusement en ces matins frisquets. Faut dire aussi que les endroits foireux sont légions, parfaitement connus, redoutés, et que l'attention portée au passage de ces difficultés se font au gré d'un changement de vitesse habilement réfléchi ou d'une prise de vitesse lors d'une descente que bon nombre de chauffards n'auraient su anticiper. D'ailleurs, l'ouverture de la route en ces matins mesquins revêtait des airs d'héroïsme digne d'un remake du "Salaire de la peur" en attendant le passage du premier camion. Soit ça passait cash, soit c'était la galère en se plantant en plein milieu de la côte en ayant fait trop confiance à la mécanique enragé du Renault G280, soit la pelle à main était de sortie après que les agents de la DDE aient déposer quelques tas de graviers tous les cent mètres pour garantir la transhumance matinale des conducteurs routiers. Finalement, le dindon de la farce est celui qui emprunte la route pour la première fois et qui se tape le droit d'ouvrir le passage à coups de pelle !

Les vacances d'hiver ont, comme tous les ans, des allures de sport de haut niveau tant le travail est rendu difficile par une exploitation en quête d'agrandissement et par des conditions météorologiques parfois humides, parfois froides, parfois les deux ... Bref, compliquées quoi ! Mais surtout l'occasion aussi de rendre service aux parents et aux grand-parents pendant quelques jours, histoire de leur alléger un peu la peine car en cette période, le travail ne manque pas. Le troupeau laitier garantit une charge de travail régulier tout au long de l'année tandis que le troupeau allaitant donne plus de travail en cette période hivernale, d'autant plus important quand un hiver froid vient condamner les dernières pousses d'herbe et de colza qui végètent ici et là au gré des rares arpents de terre encore épargnés avec un automne pluvieux. Faut dire aussi que ici, les terres ne portent pas beaucoup, pas les meilleures terres classées par la MSA, mais les meilleures terres pour s'embourber le tracteur en pleine mousson automnale.
On avait coutume de semer du colza en août, juste après les moissons, pour assurer un stock de fourrage sur pied pour la fin de l'année et un automne plutôt doux garantissait une stade très élevé de végétation foliaire et une quantité suffisante de verdure qui viendrait complémenter l'apport de foin ou de paille. Je dis de foin ou de paille car la récolte de foin dans ces régions au climat océanique était parfois rendue difficile si le temps sec était venu à se faire capricieux durant les mois d'été. Trois coupes étaient parfois possibles et assuraient une disponibilité suffisante pour l'année, deux coupes mettaient en péril l'approvisionnement en foin de l'ensemble du troupeau et obligerait alors à avoir recours à la distribution de paille en guise de fourrage journalier. Cette incertitude, inquiétude de tout éleveur, avait obligée la ferme à revoir assolement et à envisager une autre alternative au cas où Dame Nature se montrerait un peu moins généreuse. L'assolement est classique pour la région : les prairies permanentes, très humides et peu adaptées à la culture de céréales ou de maïs, manifestent de réelles aptitudes à produire de l'ajonc si cher aux chevaux une fois broyé mais d'une parfaite inutilité pour les bovidés, n'y voyant là, qu'un simple gratte-moustache de pacotille ! On y accède qu'en plein été pour y faire quelque coupe de foin, si nécessaire à la régénération de la prairie, et pour y refaire les fossés après que les feuilles et les rongeurs y aient fait tous les dégâts possibles et inimaginables. La pelle à main reste alors le meilleur outil pour refaire l'aplomb des fossés, fossés assurant le drainage et l'évacuation des eaux stagnantes empêchant toute éclosion de nouvelles graminées. On y reviendra plus tard.

Le cheptel a bien grossi ces dernières années et le nombre d'hectares commence à manifester des signes de déséquilibre en terme de récolte si l'année se présente mal. Les laitières réclament une surface de pâture fraîche pour assurer la production de lait, condition indispensable pour un revenu mensuel, et dont la rotation des parcelles doit être couplée avec un nombre suffisant de parcelles pour garantir une rotation de trois semaines, nécessaire à la repousse de l'herbe. L'humidité ambiante les beaux jours venus et les premières douceurs du printemps n'opposent guère de difficultés au fait que le ray-grass et le trèfle vont déployer leurs feuilles très rapidement.

Voici plusieurs jours que le froid manifeste sa présence et le vent d'est qui semble s'être établi annoncé une trêve aux accents plus sibériens, quand le vent soufflait contre la porte de la maison, que l'on sentait les odeurs âcres des poulaillers du voisin situés à un kilomètre de là, là-haut sur la butte, autant dire que c'était pour quelques jours ! Et surtout qu'il n'allait pas pleuvoir, juste un temps sec et vigoureux qui n'allait pas tarder à nous rougir les joues et à nous mettre la goutte au nez avec ce son si particulier du reniflement en l'absence d'un mouchoir ou d'une manche encore disponible. L'hiver est là est déjà les vieux dictions reviennent sur le tapis entre les pies qui avaient fait leur nid très haut dans les arbres, les ronces qui étaient très longues, chacun y va de sa science et de ses prévisions toutes aussi plausibles que farfelues bien que celle qui prévoyait qu'un tsunami viendrait noyer le Centre-Bretagne ne s'est pas encore produite ! Mais qui sait, on a tous vu au fond du bol de café les prémonitions d'un monde meilleur...


J'ai finalement trouvé quelques photos du montage, juste pour illustrer le travail fait sur le châssis, principalement sur le relevage arrière. Pas de difficultés majeures pour cette partie à part sur l'installation des chaînes stabilisatrices qui réclament de doigts de fée et une bonne dose de sang-froid !

Je confirme que les modèles Replicagri sont vraiment les plus faciles à démonter et ce dont la partie arrière est la plus facilement modifiables car l'ensemble est bien fini contrairement aux modèles UH qui demandent plus de travail pour représenter un relevage digne de ce nom. Schuco n'a pas non plus des relevages arrière adéquats mais suffisants pour n'avoir à changer que les bras.

On ajoute quelques détails de chez Artisan32 et quelques babioles de la boîte à rabiot.

La dépose du vitrage constitue l'unique difficulté de cette phase de démontage et il faut être prudent et précis pour ôter le bloc vitré.

La suite plus tard.

Bill.
Modifié en dernier par Bill 76 le dim. 25 févr. 2018 09:53, modifié 2 fois.
Fichiers joints
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On n'oublie rien !
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Après l'effort, le réconfort ...

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